ILS SONT FOUS CES FRANÇAIS
Wolinski disait que "dans chaque Français, il ya deux Français: celui qui ne veut pas d'histoires et celui qui a de grandes idées".
D'où ce trait éminemment hexagonal qui agace - surtout les Anglais - ou séduit ses voisins: notre concitoyen est avant tout paradoxal.
Etymologiquement: il se comporte contre toute attente.
L'affuble-t-on du béret basque qu'il revendique le bonnet phrygien. Mais l'imagine-t-on en sans-culottes qu'il se voit, lui, forcément en haute couture.
La crise n'a fait qu'accuser cette spécificité nationale: plus le Français a peur de l'avenir, plus il se penche sur son passé. Ainsi, il est capable de s'exalter sur l'excellence de la grande cuisine du terroir et d'aller s'envoyer un McDo' sur le pouce.
1. Pleurer la disparition du quincailler du coin de sa rue où il ne mettait pourtant plus les pieds depuis belle lurette, parce que les grands magasins, c'est tellement plus pratique et moins cher..
2. Se croire directement issu de Descartes, champion toutes catégories en rationalité et se précipiter chez la première voyante venue: la France bat des records en la matière.
3. Passer des heures devant la télé à regarder les émissions les plus débiles, faire plonger l'audimat dès qu'une émission - intelligente - pointe le nez et vociférer ensuite, comme 68% es Français, que la télé le prend pour un abruti.
4. Etouffer sous l'air pollué et se sentir offensé dès qu'on lui suggère de ne pas prendre sa voiture.
5. Râler comme un pou contre las paralysie des politiques et plébisciter la cohabitation. Tout attendre de l'Etat et ne lui accorder aucune confiance come 75% de not concitoyens, etc.
Je ne sais plus quel écrivain définissais les Français comme le peuple qui n'a pu enseigner aux nations le respect de la vie humaine et leur transmettre la Déclaration des droits de l'homme qu'après avoir abuser de la guillotine et fait couler des flots de sang.
C'est vrai, au moins depuis la Révolution, la culture du paradoxe reste un sport national. Mais on a envie de rétorquer aux brillants esprits qui reprochent à chaque Français d'être un tissu de contradictions que c'est de la pâte des peuples linéaires qu'on fait des citoyens manipulables.
1. Ils veulent le changement mais préfèrent le status quo.
La preuve que les français sont - braques -, c'est qu'ils sont les plus grands consommateurs d'anxiolytiques au monde et qu'ils sont incapables de faire des réformes sans révolution. Quel rapport entre la surconsommation de tranquillisants et notre allergie au réformisme tranquille? Peut-être que, si l'on supprimait les uns, on se résoudrait à l'autre... En attendant ce cas de figure improbable, force est de constater que, sur le dernier point en tout cas, notre comportement peut sembler paradoxal, pour ne pas dire - hurluberlesque -. En effet, nous plébiscitons en théorie, le changement progressif et calme pour nous y refuser lorsqu'il s'esquisse.
Rien ne se ferait de grand sans bouleversements parfois sanglants, comme si notre pays portait pour toujours la marque de la Révolution de1789 qui engendra la République. Il fallut la guerre de 1939-1945, même si elle n'a pas été faite pour cela, pour que les femmes obtiennent le droit de vote et que soit créée la Sécurité sociale. De même, d'autres guerres encore seront nécessaires, et un coup de force gaulliste, pour décoloniser et modifier la Constitution. Sans le mouvement de 1968 il n'y aurait pas eu de réforme des universités. Et Valéry Giscard d'Estaing aurait-il libéralisé l'avortement sans... la révolution des moeurs?
Certes, il ne faut pas pousser trop loin le - schmilblick -. La France, comme le remarque l'historien Jean-Michel Gaillard, a pu évoluer aussi sans drame ni crise.
L'économie et les meurs ont progressé à un rythme finalement assez régulier. Sans passer souvent par l'échafaud ou par l'émeute, même si nous avons un goût prononcé pour l'insurrection parfois carnavalesque.
Il n'empêche.
Le recul devant le changement est une spécialité bien de chez nous, alors même que, sur le principe, chacun l'appelle de ses voeux et vote pour.....avant de se mobiliser contre.
Ainsi, Jacques Chirac l'a emporté sur Edouard Balladur justement parce qu'il incarnait sinon une autre politique, du moins un volontarisme réformiste. Et voilà qu'à sa première réforme d'ampleur - la refonte de la Sécurité sociale - la mobilisation générale s'est faite pour s'y opposer. Folie d'un peuple versatile qui s'est prononcé pour le changement et se braque contre lui dès qu'il se dessine? On devine la réponse du pouvoir, qui, en estampillant -irrationnel- le comportement des Français, se forge un alibi idéal à son immobilisme. Ce qui permet, par example, de ne pas s'attaquer à la réforme de l'université car on ne joue pas avec du TNT. Mais à maboul, maboul et demi: Les citoyens se considèrent, eux, comme raisonnables, alors que le monde, lui est fou, constate le patron d'Ipsos, Jean-Marc Lech. Accrochons-nous à notre pinceau et à ce qu'il nous reste d'acquis puisque de partout on tire l'échelle: quand l'économie croît, la Bourse chute, les entreprises licencient..... Le village planétaire tourne à l'asile.
Alors, les fous, ce sont, d'un côté, les capitalistes masqués qui nous font "bouffer" de la vache folle, de l'autre, ces dirigeants qui laissent espérer une évolution dans un sens pour ensuite s'engager dans un autre!"Depuis que Chirac, a redonné la priorité aux grands équilibres budgétaires, les Français interprètent toute initiative réformiste comme potentiellement dangereuse pour eux", analyse Stéphane Rozès, de l'institut CSA. Le fameux "cercle vicieux", c'est de la blague pour eux. Ils ne croient plus aux efforts pour le bien commun qui se traduisent par des sacrifices pour eux seulement.
Chacun reconnaît, et d'une manière radicale, que ça ne va pas et qu'il faut du changement, mais tous l'appréhendent, le refusent même car il est menace. Menace d'impôts supplémentaires. Pour preuve, le repli de l'opinion face à la professionnalisation de l'armée qui n'est plus plébiscitée par crainte d'une taxation supplémentaire pour la payer.
Bonjour, le blocage, qui ne laisses d'autre choix que l'insurrection. Comme si Chirac avait finalement voulu donner raison au général de Gaulle, qui disait: "Les Français ne font de réforme... qu'à l'occasion d'une révolution!"
Pass vraiment propres. Saint Laurent, Chanel, Guerlain...des noms qui sentent bon la France. Et pourtant les Français, ne sont pas champions de l'hygiène corporelle: La consommation annuelle de savon n'excède pas586 grammes par personne et les Français ne sont que 52% à utiliser un déodorant, contre 86% pour les Britanniques.
En revanche, les femmes sont plus propres que les hommes. Ou moins sales: seules 28% prennent und douche tous les jours en hiver et 50% en été. Quant aux dents, 10% des Français ne se les lavent jamais.
2. Ils croient au sauveur suprême, mais n'aiment que la cohabitation.
Se remet-on jamais du meurtre du père? Pas besoin de lumières de Sigmund Freud pour voir que les Français, eux, ne se sont pas relevés d'avoir coupé la tête de leur roi. Ils sont atteints de mélancolie royaliste et de surcompensation monarchiste en expiation de leur régicide Anarchistes dans l'âme, hérauts et défenseurs intraitables d'une société des égaux, des frères, ils n'ont trouvé l'équilibre -le bonheur? qu'en réinstituant le régime du père. Merci Charles: le Général avait compris que ce peuple de toutes les batailles, de toutes les divisions, de toutes les mesquineries, de tous les intérêts particuliers, de toutes les insurections aussi aspirait tout autant au rassemblement, à la grandeur, au bien commun, à l'autorité, au chef. Sa Constitution lui est allée comme un gant, à ce populo, elle qui instituait ni plus ni moins qu'une monarchie élective. Le scrutin présidentiel est l'élection reine pour un roi...
Aucun autre scrutin ne focalise autant d'émotions, ne déplace autant d'électeurs. Toute la vie politique procède de ce moment-là, de ce sacre qui, comme l'écrit l'historien Michel Winock, "rétablit le lien entre les citoyens et le premier d'entre eux". Et qui permet de le couper aussi dans un mime civilisé de la guillotine d'autrefois. Car, si les grenouilles que nous sommes veulent toujours un roi, elles songent avec la même constance à lui trancher le cou. Et s'en veulent pour ce fantasme récurrent. Mais quant on a pris le goût du sang....
Pas un monarque qui n'ait joué le jeu de cette royauté démocratique. L'heureux élu a toujours fait plus qu'occuper une fonction importante, il a incarné un destin, celui de la France. A sa façon, bien sûr.Mais tous les règnes portent la marque, altière et empanachée, du fondateur de la dynastie, le Grand Charles. Pompidou fut certes plus miroton. Giscard plus soucieux d'étiquette, comme tous les petits-bourgeois de la fausse noblesse. Mais Mitterrand en a encore rajouté. Lui qui les avait précédemment moqués s'est paré se tous les atours élyséens. Par tempérament altier, peut-être, mais aussi parce que les socialistes étaient taraudés par la crainte de ne pas paraître légitimes. Et enfin parce que le président avait senti monter ce désir populaire d'un -Re-Père- fixe, comme aurait pu dire Lacan, dans "un monde où tout fout le camp". Et il y a quelque saveur à constater ainsi que, jusque dans sa mort. L'homme des conflits er des "affaires" a mis un soin jaloux à prendre en charge cette nostalgie royaliste qui avait grandi avec l'horreur de la politique. C'est-à-dire l'horreur des affrontements permanents de classes et d'intérêts. L'horreur de la pétaudière parlementaire. L'horreur de la concussion et de la corruption. Comme si, là-haut à l"Elysée, le garant de l'unité de la nation pouvait à jamais nous en préserver.
Sur le fond, Jacques Chirac n'a rien changé. " Le roi est mort. Vive le roi!" Par son hommage a son défunt prédécesseur, il a lui-même endossé toute la succession, instauré toute la continuité, celle de la France. Avec, bien sûr, comme tout nouveau monarque, le désir d'imprimer son style. Drapeau et langue doivent claquer à l'intérieur. il se veut plus proche, poule au pot et tête de veau, parcourant ses provinces pour toucher les écrouelles. L'Histoire compte déjà un Jean le Bon, il aimerait bien qu'il y ait un "Jacques le Sympa" ou un " Jacques l'Optimiste". Mais cette proximité chaleureuse n'annonce en rien une pratique plus démocratique. Le parlement parlemente en rond, Philippe Séguin attendant patiemment que le suzerain veuille bien lui faire signe pour régner à ses côtés. Les assemblées de province se sont elles-mêmes transformées en baronnies avec cour quiètement organisée autour du féal local qui obéit au sceptre élyséen. Les partis partisanent sans moucher, chacun sachant, de François Léotard à Edouard Balladur en passant par Lionel Jospin, qu'on ne gagne rien à prendre de front la couronne, sauf lorsque l'humeur populaire passe à la fronde. On n'en est pas là. Le président a même conforté sa toute-puissance en écartant le contre-pouvoir sondagier, infligeant aux sondages qui tempéraient précédemment l'exercice solitaire du pouvoir une pénitence méritée puisqu'ils l'avaient un temps mésestimé, autrement dit insulté! Notre monarque présidentiel, à part le peuple, ne craint plus rien. Pas même une prochaine cohabitation qui s'esquisse, qui s'ourdit dès à présent. Parce qu'elle constitue, on l'a constaté sous François Mitterrand, la forme la plus élaborée de notre royale République. Les Français ne s'y trompent pas , qui, un temps méfiants devant ce qui pouvait représenter une atteinte au pouvoir présidentiel, ont fini par priser la concrétisation apparente d'un rêve impossible: le gouvernement des meilleurs. Non seulement la cohabitation ne fait pas d'ombre au trône, mais elle le re-hausse! Ce qui permettra un jour, peut-être, de faire tomber le roi de plus haut encore..
Franchement crédules.
Ils se ventent d'être cartésiens et seuls 25% s'avouent superstitieux. Des statistiques révèlent que 10 millions de Français consultent des voyantes chaque année.
En outre, 57% de femmes, un peu moins d'hommes, font confiance à leur zodiaque. Les autres ne peuvent s'empêcher d'y jeter un coup d'oeil. Ils préfèrent éviter de passer sous une échelle, de croiser un chat noir et de poser le pain à l'envers. S'avouer superstitieux ça porte malheur.
3. Ils adorent et haïssent Mitterand
Directeur du Figaro, essayiste et romancier est, par ailleurs merveilleusement français. Dès lors qu'il vous entretient de François Mitterrand. Gisbert exprime sous sa plume le sentiment général: l'amour-haine envers l'ex-président, la fascination-répulsion, l'envie forcenée de comparer, et quelles que soient les circonstances historiques, Mitterrand à de Gaulle. Première page de ce Vieil Homme et la mort: Qu'on ne s'y trompe pas, cet homme fut nietzschéen jusque dans l'agonie. C'est pourquoi il n'a pas fini de vous fasciner. Je l'aimais trop pour ne point le haïr, je le haïssais trop pour ne point l'aimer. Voilà tout est dit. C'est donc l'histoire d'un provincial qui s'est extirpé de Normandie pour devenir un maître journaliste. Sur son chemin, il a croisé un Charentais ivre de pouvoir pour qui la politique n'était qu'un instrument et les idées, un faire-valoir. Fascination mutuelle, puis agacement et, enfin, détestation. Avant l'apaisement et la mort du vieillard qui s'en est retourné à Jarnac. Ce résumé du couple Mitterrand-Giesbert reflète les liens mystérieux entre l'ex-chef d'Etat et la plupart des Français.
Il faut prendre le livre de Giesbert pour ce qu'il est : au-delà de l'exercise de style remarquablement maîtrisé , on peut y lire l'aveu d'une tendresse pour le vieil homme d'autant plus forte qu'il se laisse aller à confesser ses faiblesses. Son amitié pour René Bousquet? "C'est quelqu'un que j'aimais bien, avoue-t-il à Giesbert. C'est mon mauvais côté. La canaille, j'ai toujours aimé la canaille. Giesbert et les Français adorent ce genre de sincérité venimeuse. Les révélations tardives sur sa vie privée? "j'ai beaucoup péché dans ma vie personnelle. Ma seule punition, ça aura été Mazarine. J'ai eu de la chance." Giesbert et les français se pâment. Quelle délectation qu'un homme politique se livre ainsi, avec tact, à l'art du secret d'alcôve.
Le récit de Giesbert s'annonce déjà comme un grand succès, au moment où les deux livres posthumes de Mitterrand ne connaissent pas l'impact attendu.
4. Ils parlent de bonne bouffe, mais mangent au fast-food.
Est-il symbole plus représentatif de la France que son culte de la table?
Cette évidence est désormais bousculée par les ravages du fast-food dans nos moeurs alimentaires. La société du boeuf miroton, de la sole meunière et de la poularde à la crème ne subit-elle pas les assaults chaque jour plus agressifs du cheeseburger et du big beef! Alors que les parents ne peuvent concevoir un repas dominical sans poulet rôti ou hachis parmentier les enfants , au même moment se font un principe d'engloutir quelques couches de graillons colorés,signe de reconnaissance rapide et économique permettant d'affirrmer une parfaite intégration à l'époque. Phénomène symptomatique d'une mentalité française prédisposée à se soumettre aux exigences de la culture dominante. A chaque période de l'Histoire ses paramètres: pardon pour la caricature, c'est un peu comme si la france s'était mise au pudding en 1420 et à la saucisse de Francfort en 1940. Aujourd'hui, notre assiette est en passe de capituler devant la fausse bouffe. Certes, l'américanisation de nos comportements ne date pas d'hier. Mais elle touche désormais notre dernier bastion identitaire: la cuisine. Que le cinéma, la musique, les fringues, le tourisme, la Bourse et la pub ne soient plus adulés qu'à la sauce new-yorkaise panacée nirvanesque du "correctement branché" atteste que nous ne savons pas convaincre à ces endroits-là. Que le fatalisme yankee puisse défiler en sandwich sur les champs-Elysées aux saveurs du fasst food est, en revanche, significatif d"une société française qui perd ses valeurs traditionnelles. On croyait la bouffe nationale suffisamment enracinée pour être dispensée d'exception culturelle. Faux. Le virus américain est même parvenu à contaminer nos appétits ancestraux.
5. Ils encensaient Pivot, mais regardaient Morandini.
6. Ils sont contre l'état, mais attendent tout de lui.
7. Ils se méfient des Allemands, mais leur modèle les fascine.
8. Ils parlent beaucoup d'amour, mais le font peu.
9. Ils défendent le petit commerce, mais achètent surtout en hypermarchés.